116 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR croates ont fait des progrès impressionnants. Si bien que lorsqu’au printemps 1931 le roi Alexandre se rendit à Zagreb et visita également les contrées presque entièrement croates de Zagorié et de Possavina, ce fut une visite triomphale durant laquelle les paysans et les citadins manifestèrent le même enthousiasme et le même attachement au roi et à la Yougoslavie. A cette époque, tout observateur impartial pouvait se convaincre sur place que la question, jusqu’alors si douloureuse, des rapports entre Serbes et Croates, avait perdu tout son caractère dangereux et était devenue une question d’importance tout à fait secondaire et en voie de règlement définitif. Voyons, maintenant, comment ce résultat si important fut atteint. Tout d’abord, il est dû à l’action et aux qualités personnelles du roi Alexandre qui donnent un aspect particulier au régime autoritaire en Yougoslavie. Les Yougoslaves en général, et les Serbo-Croates en particulier, sont un peuple ayant des traditions militaires bien enracinées. Jusqu’à la deuxième moitié du xixe siècle, la guerre fut pour eux une nécessité très fréquente et les qualités comme les défauts militaires sont devenus les caractéristiques les plus importantes de l’âme du peuple yougoslave. Il n’est donc que très naturel que ce peuple apprécie surtout le oourage et l’esprit chevaleresque. Et lorsque le roi Alexandre, le 6 janvier 1929, annonça courageusement qu’il ne voulait pas se tenir à l’écart; qu’au lieu de se mettre à l’abri, il vou-