46 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR lisme rigide. On prétend même qu’il a refusé la révision qu’on lui aurait offerte. Mais qu’il l’ait demandé ou non, Belgrade, de sa propre initiative et s’inspirant des intérêts de l’Etat, aurait dû spontanément procéder à la décentralisation et à l’organisation d’autonomies administratives importantes par l’étendue de leur territoire et par leur compétence. C’était le moment psychologiquement le plus favorable pour cette opération. Et si Belgrade avait eu la bonne idée de le faire, elle se serait certainement attaché pour toujours non seulement Raditch, Zagreb et tous les Croates, mais elle aurait par cet acte désarmé et rendu impossible, pour un temps indéfini, toute opposition dans la partie ouest du pays. Il y a des habitudes qui par une longue pratique deviennent une seconde nature et qui sont plus fortes que la nature elle-même, aussi bien chez un individu que dans une collectivité. Une habitude de ce genre, c’est chez les Croates leur activité autonomiste, leur lutte pour l’autonomie. En effet, l’histoire des Croates n’est pas l’histoire d’une nation, mais l’histoire d’une autonomie et si on en fait abstraction il n’y reste que peu de faits d’un intérêt historique quelconque. II est vrai que, dans la suite des siècles, la vie et le développement de cette autonomie n’était au fond qu’une lutte pour la conservation des privilèges de la classe des féodaux croates. Mais, graduellement, au cours de l’histoire, cette autonomie s’est rapprochée des bases sociales, et au xix' siècle elle est devenue l’instrument