LE FOND DE LA CRISE POLITIQUE 77 escalader de trop hauts sommets, tentative qui n’est pas en rapport avec les forces réelles de cette société. La société actuelle nous fait songer à l’Icare de la mythologie qui, ne tenant aucun compte des conseils sages et paternels de Dédale, s’élança vers le soleil avec des ailes de cire et les vit fondre à la chaleur. L’Icare moderne tombe, nous le voyons; mais trouvera-t-il la mort dans une mer de barbarie, qui a depuis toujours englouti les civilisations décadentes, cela nous ne le savons pas encore ! Déjà en 1925, la crise morale et économique a frappé à la porte de la démocratie yougoslave qui fit la sourde oreille. Cependant, en 1928, on a senti instinctivement que la formation d’une « grande bourgeoisie », à laquelle on commença à travailler aussitôt après la réalisation de l’unité nationale, était une entreprise hasardeuse et stérile. On sentait que le moment n’était pas éloigné où cette construction orgueilleuse s’écroulerait avant même d’être achevée, et le sentiment de l’insécurité, le pressentiment du krach imminent a provoqué cette nervosité générale qui rendait l’atmosphère politique du pays si chargée d’électricité que cela devait fatalement amener la catastrophe, l’attentat à la Chambre des Députés du 28 juin 1928. Cet attentat fut comme un signal pour entreprendre la destruction du « superédifice » de la bourgeoisie de Zagreb et de Belgrade. Et s’il ne s’est pas écroulé, c’est grâce à l’introduction du régime du régime autoritaire par le roi Alexandre.