208 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR timents de sympathie débordante pour le régime autoritaire. Il serait absurde aux républicains français de s’enthousiasmer pour une monarchie et même pour le régime autoritaire qu’elle a introduit. Ce serait également un non-sens que d’exiger des Anglais, qui ne peuvent concevoir la vie politique sans parlementarisme, qu’ils se pâment d’admiration devant un régime autoritaire dans les Balkans. Il n’est que trop naturel que les démocraties française et anglaise ne portent pas aux nues le régime yougoslave. Sans demander de tels sentiments, le roi et le peuple yougoslaves attendaient que les démocraties française et anglaise ne se refusent pas à faire l’effort intellectuel nécessaire pour comprendre la véritable situation de la Yougoslavie', surtout lorsque cet effort est dans l’intérêt de la démocratie, de l’existence de la Yougoslavie et même de la paix de l’Europe. Mais nous attendons vainement cet effort de compréhension. L’état actuel de la Yougoslavie est jugé dans les pays de l’Occident selon des méthodes désuètes, par un certain doctri-narisme et par une inertie intellectuelle qui sont, tout autant que la crise économique et morale, les fléaux de notre époque. On oublie, en Occident, que la Yougoslavie se trouve dans les Balkans, qu’elle est un Etat né d’hier à sa vie nouvelle et qu’elle ne se trouve pas dans la situation géographique et historico-po-litique d’un Danemark, d’une Hollande, d’une Suède ou d’une Norvège, que les Yougoslaves sont un peuple jeune, impulsif comme tout