32 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR anciennes provinces autrichiennes auraient à Zagreb leur gouvernement propre. Un des principaux artisans du côté des Yougoslaves ex-autrichiens dans la rédaction de la déclaration de Genève a été Dr Anton Koro-chetz, le chef du parti clérical slovène. On doit se demander comment il s’est fait que lui, un Slovène, ait mis tant d’ardeur à servir les aspirations dualistes de Zagreb ? La réponse est facile : il n’a pas été guidé par des motifs d’ordre national mais d’ordre confessionnel. Sa conduite ne lui a pas été dictée par l’intérêt des Slovènes, mais par le souci de l’intérêt de l’Eglise catholique car, en adoptant l’organisation dualiste, la partie ouest de Yougoslavie, partie dont le centre devait être Zagreb, serait en grande majorité catholique. Mais, c’était là, comme disent les Yougoslaves, « faire l’addition sans consulter l’aubergiste ». Le dualisme consacré par la déclaration de Genève échoua avant même qu’on ait essayé de le réaliser, non pas tant à cause de l’opposition du gouvernement de Belgrade, ni du fait que le Conseil National de Zagreb désavoua ses délégués de Genève, M. Koro-chetz et les autres. Dans ce rejet des conceptions dualistes, les lois invincibles de la vie et de la volonté populaire des Croates aussi bien que des Serbes jouèrent un rôle de premier plan. Zagreb a voulu obtenir, grâçe à l’organisation dualiste, une situation privilégiée, un rôle central dans la vie de la Yougoslavie, mais elle ne disposait pas de la puissance matérielle qui lui permettrait de réaliser