130 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR que le terrain y était préparé par les méfaits d’une démocratie déchaînée dans la période de 1918 à 1928. La première victime de la crise en Yougoslavie a été le paysan. La chute vertigineuse des prix de ses produits a fait du paysan yougoslave, qui en est encore à l’exploitation primitive de ses terres, un homme écrasé de dettes et qui n’était plus en mesure de satisfaire ses besoins les plus élémentaires. Ici, il ne faut pas perdre de vue le fait suivant : la Yougoslavie est, dans sa plus grande partie, un pays de montagnes; un tiers de sa superficie constitue la partie sud de la grande plaine de Pannonie, tandis que les deux tiers du pays sont formés par les ramifications des inaccessibles montagnes balkaniques et les prolongements orientaux des Alpes. Presque toute la Slovénie, la partie sud de la Croatie, la majeure partie de la Bosnie, l’Herzégovine, la Dalmatie, le Monténégro, la Serbie centrale et méridionale, sont un terrain montagneux, riche en forêts et en minerai encore inexploités, mais où, par contre, il n’y a que peu de terres cultivables. Dans les deux tiers du pays donc, le paysan non familiarisé avec une exploitation rationnelle, ne peut pas vivre du sol et est réduit à vendre sa force de travail. Avant la guerre mondiale il l’offrait à un prix dérisoire sur les marchés des deux Amériques. L’argent drainé par les manœuvres yougoslaves était le principal appoint qui permettait d’équilibrer l’économie déficitaire des contrées montagneuses de la Yougoslavie. Après la guerre mondiale, l’ap-