CONCLUSIONS 215 centrale et orientale, tout régime, fût-il bol-cheviste, aura pendant longtemps encore à résoudre le problème qui a été posé par la formation d’une lie de la société composée d’individus ruinés moralement et matériellement pendant la guerre et pendant la crise économique qui l’a suivie, d’une lie qui remonte à la surface et jette le trouble dans la vie sociale et politique. Il est illusoire de croire que la question sociale posée en Yougoslavie par ces éléments déclassés et moralement corrompus pourra être résolue par l’établissement du fédéralisme. C’est sur un volcan en sommeil que sont assis les chefs de l’opposition bourgeoise. Mais, ils sont tellement grisés par les vapeurs qui sortent du cratère, qu’ils ne sentent pas la terre qui tremble sous leurs pieds. Et ils ne pensent pas une minute que leur prestige personnel fondrait comme neige au soleil dès qu’ils arriveraient au pouvoir, surtout dans la situation créée par la débâcle du régime autoritaire et de la monarchie. Peut-être certains d’entre eux pourraient se maintenir mais seulement au prix d’une dictature tellement brutale qu’auprès d’elle le régime actuel ne serait que douceur. Naturellement, ils ne manqueraient pas à ce moment critique de proclamer : « Nous établissons la dictature pour sauver la démocratie » ! Mais est-ce que le roi Alexandre n’a pas instauré le régime autoritaire pour sauver la démocratie ? Pourquoi alors le peuple yougoslave préférerait la dictature sanguinaire d’un Pribitchévitch, par exemple, au régime