214 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR les forces politiques qui, à l’heure actuelle, luttent contre le bolchevisme et le fascisme. Le régime autoritaire une fois battu, le terrain serait déblayé en Yougoslavie pour l’expérience bolcheviste ou fasciste ou pour toutes les deux simultanément. Evidemment, les chefs de l’opposition actuelle sont fermement convaincus que leur prestige personnel suffirait à sauver le pays de la dictature bolcheviste ou fasciste et à le conduire dans une Ar-cadie démocratique. Bienheureux ceux qui croient ! Est-ce qu’en Russie, les hommes comme Goutchkov, Milioukov, Kerensky, Tchernov, Tsérételli, Tchéïdzé, Pléchanov et Savinkov ne se berçaient pas des mêmes illusions ? Ils se sont trompés lourdement, bien que ces chefs de la démocratie russe fussent, aux points de vue intellectuel et moral, incomparablement supérieurs aux Stanojévitch, Davidovitch, Matchek, Troum-bitch, Korochetz, Spacho et Pribitchévitch. Les chefs de l’opposition bourgeoise en Yougoslavie vivent dans la conviction qu’i’s ont avec eux tous les mécontents du régime autoritaire et que tous ces mécontents sont prêts à les suivre docilement. C’est là une erreur énorme. Le mécontentement actuel en Yougoslavie est un volcan qui couve; l’activité de ce volcan ne dépend pas des éléments bourgeois. Ce qui lui donne son dynamisme, c’est un assez fort pourcentage de déclassés, du « Lumpenprolétariat » et de prolétaires intellectuels, surtout parmi les jeunes. En Yougoslavie, comme dans tous les pays de l’Europe