LES DEUX CROATIE 47 de la lutte des masses les plus larges, pour leur développement politique, culturel, économique et social. Par conséquent, toucher à cette autonomie millénaire — car si l’on peut contester l’existence de la culture millénaire croate, leur autonomie millénaire existe indiscutablement — c’était toucher les Croates dans leur point le plus sensible; c’était porter atteinte à leurs traditions historiques les plus vieilles et les plus importantes; c’était jeter un défi à la face de tous les Croates et provoquer la réaction unanime, la résistance générale, aussi bien des paysans que de la bourgeoisie croate. C’est justement cela que Belgrade, depuis 1918 jusqu’à nos jours, n’a jamais compris, c’est cela que le fameux « expert pour la Croatie», M. Pribitchévitch, n’a ni senti ni évalué. Et lorsque Raditch a capitulé, Belgrade et son porte-parole Nicolas Pachitch ont commis la faute impardonnable de n’avoir point résolu, à ce moment précis, la question croate, en révisant la Constitution de Vidovdan dans le sens des aspirations et des traditions autonomistes séculaires des Croates. Zagreb n’a aucun droit ni historique ni moral, ni même le droit qui résulterait d’un rapport de force, pour devenir le centre politique de la Yougoslavie. Mais l’histoire, la géographie et la morale sont absolument d’accord pour lui donner le droit d’être le centre d’une importante unité administrative autonome. Et le principe de la décentralisation peut certainement être mis en harmonie avec la conception de l’unité