80 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR service de l’Etat qui devient le but final, l’idéal d’une société nationale, une véritable divinité païenne. (Le fascisme est en effet la négation du christianisme et la conséquence d’une conception païenne du monde et de la vie.) N’ayant devant ses yeux que des buts d’égoïsme national et d’impérialisme, le fascisme n’est autre chose que la mobilisation permanente et la plus large de toutes les composantes de la société nationale. Il efface la limite entre l’armée et le peuple; la conception de l’armée qui doit être la nation en armes, a été poussée par Mussolini jusqu’à ses conséquences extrêmes lorsqu’il a imposé une éducation militaire non seulement aux adultes, mais aux garçonnets (les « Ballilla » et « L’Avanguardia ») et même aux femmes (Giovane Italiane). C’est précisément grâce à ces organisations que l’Italie fasciste manifeste un formidable esprit offensif car les tout jeunes gens et les femmes sont les meilleurs porteurs du fanatisme et de l’abnégation, et leur enthousiasme aveugle se laisse plus commodément utiliser, en temps de paix comme en temps de guerre, que l’esprit critique, le raisonnement froid et la tendance au scepticisme des hommes arrivés à l’âge mûr. Déjà avant d’avoir complètement transformé l’Italie en un immense camp retranché de 40 millions d’hommes, le fascisme se lança dans la politique expansionniste. Sa formule « de Prague à Odessa » est une nouveauté, une révélation pour la démocratie de l’Occi-dent seulement ! Dans les Balkans et dans les