84 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR se désintéressèrent complètement de la défense de leur ville contre l’ennemi extérieur et s’adonnèrent exclusivement aux luttes des partis politiques et aux intrigues de coteries. La Serbie du Moyen Age se trouvait aussi, au moment de la rencontre avec les Turcs, dans un état anarchique créé par les seigneurs féodaux, égoïstes et bornés, qui se combattaient continuellement les uns les autre. Il était donc tout naturel que la Byzance du dernier Constantin de même que la Serbie au Moyen âge aient eu la même destinée tragique. Mais il est aussi naturel que cette catastrophe serve de leçon et nous apprenne ce qu’on doit éviter dans les moments décisifs de la vie nationale. Par rapport à la démocratie actuelle et future des peuples balkaniques, l’Italie fasciste représente le même danger qu’étaient les Turcs pour les Balkans féodaux du xvr et xve siècles. Le fascisme lui-même — avec sa milice, son « avanguardia » et ses « ballilla » — n’est autre chose qu’un système perfectionné de l’organisation militaire supérieure des janissaires. Et faut-il que ces nouveaux janissaires soient aussi reçus par les Yougoslaves en état d’anarchie qui, sous le masque démocratique, représente le même chaos féodal que celui qui existait dans les Balkans au Moyen Age ? ! L’Italie fasciste a commencé, à partir de 1928, à menacer l’existence même de la Yougoslavie. Ce fait à lui seul était suffisant pour exiger impérieusement, sans tenir compte de la crise intérieure, que l’on organise en Yiou-