l’œuvre DU RÉGIME AUTORITAIRE 119 ment de tous les Yougoslaves pour une collaboration fraternelle et loyale pour le bien commun. C’est bien l’essentiel et ce qu’on peut suivre dans toute l’activité du régime autoritaire en Yougoslavie. Tout le reste est secondaire. Et ce sentiment d’humanité, cet effort pour construire une œuvre avec des sentiments positifs, est unique dans les annales de tous les régimes autoritaires. C’est comme un anachronisme à l’époque dissolue que nous vivons où les hommes sont groupés plutôt par la haine que par l’amour. Plus tard, nous verrons que cet idéalisme, ce sentiment d’humanité du roi Alexandre n’a pas été payé de retour et que certains en ont impudemment abusé. Mais au début, cet idéalisme a touché le cœur du peuple yougoslave : s’attendant au fouet et recevant une invitation bienveillante à la collaboration, la grande majorité des Serbes et des Croates fut moralement désarmée et s’empressa de se rallier au régime personnel. * Certains veulent voir une contradiction en ce que l’action d’apaisement politique et d’unification des esprits yougoslaves, par l’application de la méthode psychologique, ait été confiée à un soldat, au général en activité, M. Jivkovitch. Mais cette contradiction n’est qu’apparente : la politique du régime autoritaire, « suavis in modo » et idéaliste quant à ses buts, risquait de dégénérer en tiédeur et