LA « NOUVELLE POLITIQUE » 23 jourd’hui encore, cette jeunesse ne voulait pas se contenter du ralliement et de la fusion graduelle de ces deux nationalismes jusqu’alors exclusifs et diamétralement opposés. La jeunesse n’était pas satisfaite de la conquête de première importance consistant en ce que le gros des Serbes et des Croates s’étaient déclarés favorables à l’idée de l’unité serbo-croate dans un laps de temps relativement court (1905 à 1914), et qu’il était désormais bel et bien prouvé que les précédents nationalismes particuliers étaient des créations artificielles qui, après une courte effervescence, devraient s’éteindre. Mécontente, la jeunesse déclara qu’elle ne voulait d’aucun compromis, proclama le nationalisme yougoslave intégral et, en son nom, se jefa à corps perdu dans une action nationaliste révolutionnaire qui atteignit son point culminant à l’attentat de Sarajevo en 1914. Cet attentat précipita la déclaration de guerre à la Serbie qui fut suivie de la conflagration générale, conflagration qui aurait certainement eu lieu mais peut-être quelques années plus tard. L’action révolutionnaire intempestive qui a précipité le déclan-chement de la guerre mondiale a été un véritable pavé de l’ours lorsqu’on la considère au point de vue de l’unité yougoslave. Car si, après les guerres balkaniques (1912-1913), une paix plus durable était nécessaire à quelqu’un, c’était surtout aux Serbes et aux Croates : non seulement ils avaient besoin de se préparer à fond pour le grand conflit inévitable mais surtout ils devaient régler leurs rapports récipro-