212 CRUCIFIÉS AU CARREFOUR pays, le lit des dictateurs. Ce rôle néfaste, le socialisme l’a joué en Russie en 1917, en Italie en 1919-1922 et en Allemagne de 1918 à 1933. Serait-ce, peut-être, parce que les socialistes interprètent de telle sorte le matérialisme historique qu’il leur faut vivre politiquement au jour le jour, sans voir plus loin que leur nez, et faire de la politique en éliminant au préalable tout souci de prévision? Quoi qu’il en soit, dans l’intérêt de la justice sociale, dans l’intérêt de l’humanité qui a assez souffert, il est grand temps que les socialistes se débarrassent de la tactique basée sur ce que « le désir est le père de la pensée », et il est grand temps pour eux de regarder une bonne fois la réalité en face. Et la réalité, la voici : Dans tous les pays où, pendant la guerre ou après, la monarchie a été abattue, qu’elle fût constitutionnelle ou autocratique, il en est résulté une situation intérieure désespérée dont la seule issue possible était la dictature. {La Tchécoslovaquie est, encore, la seule exception, mais jusqu’à quand ?). Le déroulement des événements en Russie, Allemagne, Pologne, Hongrie, Autriche et Turquie parle avec éloquence en faveur de cette constatation. Et la Grèce ? Et l’Espagne ? Seuls leurs ennemis peuvent souhaiter aux peuples grec et espagnol le paradis républicain dont ils jouissent en ce moment. Depuis l’établissement du régime républicain, la Grèce a déjà eu cinq ou six coups d’Etat, et en Espagne il y en a eu aussi un. Au-dessus des luttes des