LE PÉRIL ÉCARTÉ 159 pas vrai que c’est lui qui mène les Croates, mais au contraire, il est lui-même mené par les pseudo-intellectuels de Zagreb. Obéissant à des réminiscences et aux idées politiques de sa jeunesse, M. Matchek est en effet un récidiviste du mouvement Startchévitch. Il n’est pas le porte-parole des intérêts vitaux des paysans croates, mais seulement celui des spéculations dualistes de la bourgeoisie de Zagreb. Il n’aurait peut-être pas persisté dans cette ligne de conduite s’il n’y avait pas été poussé par deux souffleurs qui l’encourageaient à persister : Svétozar Pribitchévitch et le Dr Ante Troumbitch. Ayant suffisamment parlé de Pribitchévitch, nous dirons maintenant quelques mots du Dr Troumbitch. M. Troumbitch, fils de paysan dalmate des environs de Split, a dans sa carrière atteint les sommets où il a été comme pris de vertige et n’a pas justifié les espoirs qu’on mettait en lui. Etant le premier ministre des affaires étrangères du royaume, nouvellement formé, des Serbes, Croates et Slovènes, il devait résoudre la question de délimitation des frontières avec l’Italie. Dans cette affaire, il avait le vent en poupe. Les justes revendications des Yougoslaves dans l’Adriatique avaient attiré la sympathie et l’appui puissant du Président Wilson à la Conférence de la Paix, et ni l’Angleterre ni la France ne les regardait d’un mauvais œil. Cette situation a amené le Président du Conseil italien d’alors, M. Nitti, d’adresser à la Yougoslavie, en compagnie de Clemenceau et Lloyd George, en janvier