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CRUCIFIÉS AU CARREFOUR
  Dans la démocratie yougoslave étaient réunis et dominaient deux sortes d’instinct qui agissaient dans un sens négatif : l’instinct débordant d’une bourgeoisie malsaine et snob, et l’instinct encore vivace de l’anarchisme et de l’individualisme féodaux du Moyen Age. Ces dangers, comme deux fouets qui frappaient impitoyablement la face et l’échine du peuple yougoslave, ont été écartés par le roi et son régime autoritaire. Autrement, ils auraient été arrachés avec beaucoup moins de tact et de ménagement par un autre instrument de la nécessité historique, par la révolution. C’est pourquoi un sentiment de grand soulagement a pénétré les Yougoslaves lorsque le roi les débarrassa de ces fouets. Ce ne fut donc pas un acte de réaction, mais un acte de progrès (1).
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  (1) Mutatis mutandis, le régime autoritaire en Yougoslavie accomplit la tâche qu’au xvii” siècle Richelieu avait accomplie en vue du renforcement de l’unité nationale de la France.