LE PÉRIL ÉCARTÉ 173 Toutes ces erreurs n’eurent pas une influence décisive sur l’état d’esprit du peuple tant que la grave crise économique ne se fit pas sentir; en pleine crise, elles soulevèrènt le mécontentement des masses paysannes, surtout des paysans croates directement soumis au travail de sape, de fascisme et du cléricalisme. Dans la seconde moitié de l’année 1932, l’état des esprits en Yougoslavie était vraiment tel qu’il pouvait inquiéter ses amis, et réjouir ses ennemis. Mais tous ceux qui, à ce moment et après, désiraient et pour cela même prédisaient la dissolution de la Yougoslavie, se sont trompés sur leurs prévisions parce qu’ils ignoraient la psychologie des Yougoslaves : quand tout va bien, dans la prospérité et dans des conditions favorables, les Yougoslaves deviennent arrogants et frivoles à l’extrême, comme le prouve leur proverbe : « pain, couche-toi que je n’aie pas à me lever pour te manger » ; plongée dans la misère et les calamités, la mentalité yougoslave se régénère, se trempe; quand les Yougoslaves se frappent la tête contre le mur, ce n’est pas le crâne qui se brise mais c’est la raison qui revient ! La vie individuelle des Yougoslaves fournit bien des exemples de la régénération de leurs forces morales dans l’adversité; dans la vie publique, la collectivité yougoslave fait preuve de cette même qualité à la condition d’être guidée par des chefs qui soient à la hauteur de la situation. Il en fut ainsi à la fin de 1932 : dans le plus