CONCLUSIONS 195 listes. Ces grands esprits ont inventé des termes comme « l’individualité national-politi-que » et « l’individualité historico-politique », et ils ont arrangé toute l’histoire yougoslave à l’usage de ces pauvres individualités (1). Croire que ces libertés prises avec la vérité historique constituent une spécialité croate, serait une erreur. Il s’agit là d’une épidémie dont la Hongrie est la patrie d’origine et qu’on y rencontre à l’état endémique : pour justifier la domination de la minorité hongroise sur la majorité des Slaves et des Roumains, sur le territoire allant des Carpathes à l’Adriatique (appelé « les pays de la couronne de St-Stépliane » ), les Hongrois se sont toujours servi, et se servent encore, de l’argument historique rappelant l’époque lointaine (du xe au xiii0 siècle) où des hordes de cavaliers hongrois, encore barbares, envahissaient et pillaient, sans être inquiétés, la vaste plaine de Panonnie et les contrées avoisinantes. Pendant huit siècles, les Croates ont subi la domination hongroise; par conséquent, il n’est pas étonnant que la politique de la bourgeoisie de Zagreb, et surtout son nationalisme anachronique, se soient laissés pénétrer par l’esprit hongrois et par son argument « du droit historique », et que cette contagion spirituelle n’ait pas encore disparu quinze ans après la (1) N’ayant pas d’individualité personnelle certains de ces Messieurs espèrent y atteindre en luttant pour les individualités « historico-politiques >• et « national-politiques ».