340 QUESTION DE MACÉDOINE à voir dans’ la Russie et l’Autriche-Hongrie les mandataires de l’Europe. L’Europe, qui a ses affaires ailleurs par le monde, veut s’en rapporter à ces deux puissances. Elle trouve prudent de les laisser collaborer, seule à seule, au lieu de se mettre à la tète de deux camps rivaux. Au point de vue spécial de la France, il est impossible de ne pas tenir compte de ce qu’une combinaison austro-russe, de portée générale, s’élabore, peut-être, dans le brûlant creuset balkanique. Je sais bien que les Macédoniens disent : « En Russie, à côté des slavophiles militants et des pan-sla vistes qui veulent faire immédiatement la guerre, les uns pour nous secourir, les autres pour nous annexer, il y a un courant dominant : celui que dirigent des diplomates rusés et sans scrupules. Pour eux, le moment de l’intervention, dans les Balkans, delà Russie, encore trop occupée en Asie, ne viendra que dans quelques années. D’ici là, il faut affaiblir la Turquie. Pour cela le mal macédonien est nécessaire. Il ne faut point le guérir; au contraire. C’est la tactique suivie avec l’Arménie, (pii aujourd’hui, exsangue et affolée, verrait dans l’armée du Caucase une libératrice. En Autriche-Mongrie, contre les antislaves, qui ne veulent à ancun prix — de peur de fortifier l’élément slave de l’empire par de nouvelles annexions — se mêler aux affaires balkaniques, lutte un parti qui désire agrandir, par le sandjak, les provinces occupées.