LE DANGER ALLEMAND 113 Que résulte-t-il de ce que je viens d’écrire et de laisser entendre? Les Allemands d’Autriche, inquiets de voir leur hégémonie mise en question, se rapprochent des Allemands de l’empire, trouvent chez eux un point d’appui, et agitent, pour effrayer les Slaves, le spectre prussien. De même, le gouvernement de Berlin se sert du spectre pangermanique pour effrayer les hommes d’État de Vienne, et ainsi, tout à la fois, sauvegarder ce qu’il considère comme les droits acquis des Allemands d’Autriche et consolider la précieuse machine triplicienne. Faut-il aller plus loin et dire : « Le pangermanisme est un moyen employé pour désorganiser peu à peu l’Autriche? Le Hohenzollei’n sape et mine lentement la puissance du Habsbourg. La musique cacophonique que les Schœnerer et les Wolf ont introduite au Reic/israth est une musique d’avenir — Zuhunftmusik — c’est l’accompagnement des futures incursions prussiennes dans les pays bohémiens et danubiens. Les conversions opérées parmi les catholiques d’Autriche ont pour but d’assurer aux protestants la supériorité numérique dans la plus grande Allemagne de demain. » Tout cela est possible. Mais ce qui est certain, c est que les progrès du pangermanisme n’ont pas encore ébranlé l’édifice austro-hongrois. Quant au mouvement Los von Rom, s’il ne s’accélère pas, il