230 LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS langues slaves déjà réduites au rôle de patois, ils ne daignèrent pas helléniser le peuple. D où, au dix-neuvième siècle, la possibilité d’un réveil des nationalités dans les Balkans comme dans le reste de l’Europe. La forteresse hellène de l’épiscopat grec n’a été démantelée que tardivement et partiellement par la création de l’exarchat bulgare et la nomination toute récente de quelques évêques serbes. Mais — pour lutter contre les nations slaves dont la réapparition menaçait de ruine leur hégémonie — les Grecs se placèrent sur le terrain de leurs adversaires. Ils discutèrent histoire, anthropologie et philologie. Ils firent appel à toutes leurs gloires passées. Les grands souvenirs d’Alexandre et de Byzance vinrent fortifier l’omnipotence contestée du patriarche grec. Il fallait conserver la côte nord de l’Archipel, afin de pouvoir unir un jour le groupe homogène et compact des Grecs du sud et cette Constantinople que l’Hellas dit avoir pour mission de délivrer. Les Grecs macédoniens sont des maritimes. Mais, pour conserver le rivage, il fallait être maître des hautes terres, d’où tout empire constitué veut descendre jusqu’à la mer. La vieille lutte des empires slaves de la montagne et de l’empire grec de la côte recommençait. Les Grecs firent des efforts désespérés pour défendre les positions en l’air qu’ils tenaient à conserver malgré la volonté de plus en plus nettement contraire des populations.