140 L’ÉV 0 LUT I ON POSSIBLE autres. Il sera alors naturel qu’elles travaillent directement pour leur propre compte et qu’elles développent et transforment leur accord. Sans doute maints sujets de François-Joseph — en Hongrie surtout — sont exigeants : « Si les Russes nous laissaient carte blanche dans les Balkans — m’a-t-on dit bien des fois à Budapest — nous pourrions nous entendre. « Sans doute aussi, bien des Russes n’ont pas renoncé à refaire, au profit du tsar, l’empire d’Orient : Nos idées à nous, les Russes, ne s’accordent pas tout à fait avec les vôtres — m’écrivait au printemps dernier un des publicistes russes le plus en vue. Peut-être est-ce vous qui avez raison. Peut-être n’avons-nous plus rien à espérer pour nous en Orient. Peut-être vaut-il mieux laisser le chemin libre aux Slaves du Sud. Qui sait? Toutefois la Russie est gouvernée par un tsar pacifique. Elle est absorbée en Asie par une entreprise colossale. Elle apparaît de moins en moins comme un envahisseur qui, pour atteindre la mer libre à travers les Balkans, cherche à établir son protectorat sur les peuples qui l’en séparent. Elle a élargi et a transporté d’Europe en Asie le plan de Pierre le Grand. La mer libre est pour elle, depuis hier, l’océan Pacifique. Demain, ce sera l’océan Indien. Si elle tend vers la Méditerranée, c’est plutôt du côté du golfe d’Alexandrette, à travers cette Asie occidentale qu’elle se prépare à disputer à l’Allemagne. C’est de plus en plus exclusi- *