248 LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS patriarche œcuménique, s’insurgèrent. Soldats réguliers du Sultan et bachi-bouzouks furent employés à la plus féroce des répressions. L’Europe eut un avant-goût de ces massacres systématiques d’Arménie, dont le but était de détruire une nation. Ce furent les « atrocités bulgares » que flétrit Gladstone. Les musulmans fanatisés détruisirent et incendièrent les maisons et les moissons. Ils massacrèrent, fusillèrent, assommèrent, pendirent et brûlèrent, indifféremment les hommes, les femmes et les enfants — des villages entiers. Les Bulgares mouraient bravement : ils espéraient que leur mort servirait au triomphe de leur patrie. L’apothéose parut, en effet, devoir être toute proche du martyr. Le traité deSan Stefano marque l’apogée de la poussée bulgare. 11 créait la « grande Bulgarie » du programme révolutionnaire intégral d’alors : la frontière passait à l’ouest de Monastir; deux débouchés s’ouvraient sur la mer libre, à Kavala et sur la rive gauche du Vardar. Mais, au traité de Berlin, l’État nouveau dont les diplomates russes venaient de tracer largement les limites et d’imposer la reconnaissance à la Turquie, fut découpé en trois tronçons. La principauté de Bulgarie fut réduite au versant nord des Balkans et aux hautes vallées de l’Isker et de la Strouma. Au sud des Balkans, la Roumélie orientale — plaine supérieure de la Maritza et bassins côtiers du golfe de Bourgas — fut organisée en province