132 L’ÉVOLUTION POSSIBLE Grâce à l’invitation de Votre Majesté, j’ai pu visiter cette magnifique ville dont l’accueil grandiose m’a émerveillé. C’est avec un intérêt sympathique que nous suivons chez nous l’histoire du chevaleresque peuple hongrois dont le patriotisme est devenu proverbial et qui, dans son passé guerrier, n’a pas hésité à sacrifier à la défense de la croix ses biens et son sang. Des noms comme Zrinyi et Sziget (1) font, aujourd’hui encore, battre les coeurs des jeunes Allemands. G’est avec admiration que nous avons suivi les fêtes du Millénaire que le peuple hongrois, pressé autour de son roi bien-aimé, a célébrées avec taut de splendeur. Ses fiers monuments témoignent de son sentiment artistique, pendant que le bris des entraves de la Porte de Fer a ouvert de nouvelles voies de communication et de nouveaux débouchés commerciaux et a placé la Hongrie sur un pied d’égalité avec les grands peuples civilisés. Ce qui pourtant, dans mon séjour en Hongrie, et particulièrement lors de la réception qui m’a été faite à Budapest, m’a causé la plus profonde impression, c’est le sentiment de dévouement enthousiaste des Hongrois pour la personne de Votre Majesté. Mais ce n’est pas seulement ici, c’est aussi en Europe et surtout chez mou peuple, qu'on brûle du même enthousiasme à l’égard de Votre Majesté; permettez-moi d’ajouter que moi aussi je partage cet enthousiasme et que, avec des sentiments de fils, je regarde Votre Majesté comme mon ami paternel. Grâce à la sagesse de Votre Majesté, notre alliance se maintient ferme et inébranlable pour le plus grand bien de nos peuples, et l’Europe jouit depuis de longues années déjà des bienfaits de la paix et en jouira de longues années encore. Les sentiments de dévouement enthousiaste pour Votre Majesté flamboient toujours, j’en (1) L’empereur allemand semble oublier que le héros de Sziget (1566), Zrinyi, était croate.