VI PRÉFACE puissances européennes, non seulement sur les États slaves et sur les États germaniques, mais sur la France, mais sur l’Italie, sur le monde latin lout entier. L’équilibre des forces risquerait d’en être à jamais détruit. Telles nations, comme notre vieille France et comme la jeune Italie, qui font aujourd’hui figure de grandes puissances européennes, pourraient se voir définitivement ravalées au rang de puissances secondaires, à côté d’un nouveau Saint-Empire, s’étendant du Jutland à Trieste et à l'ola et visant la suzeraineté du continent. Au-dessus des peuples qui luttent pour leur indépendance ou pour leur autonomie nationale, il est des écrivains, des professeurs, des politiques qui rêvent de groupements plus amples. Aux nationalités, lenles créations de l’histoire, formées par les luttes et les souffrances en commun, ils songent à substituer quelque chose de plus vaste et de plus vague, la race. Ainsi ont fait leur apparition des monstres nébuleux, le pangermanisme, le panslavisme, spectres aux contours imprécis et aux formes démesurées, dont il ne convient pas de trop s’épouvanter, mais qui, sauf à s’entre-dévorer l’un l’autre pourraient finir un jour, si l’Europe n’y veille, par prendre corps. Le danger vient surtout du pangermanisme qui,