42 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION Parmi ceux qui ont développé en France cette « théorie de la dislocation », beaucoup ont volontairement exagéré le danger. Ils ont été préoccupés, moins d écrire en savants, que de faire œuvre les uns de vulgarisateurs, les autres de politiques. Les uns ont désiré faire saisir des particularités qui abondent, et frapper les imaginations françaises, si peu préparées à comprendre la vie d’un État du type austro-hongrois. Les autres ont voulu inquiéter à temps l’opinion publique trop indifférente ou trop optimiste et la ramener à la nécessaire préoccupation de bouleversements internationaux qui, à tout prendre, peuvent fort bien avoir pour cause une crise de l’Europe centrale. Et puis, il est certain qu’un esprit français, habitué aux conceptions simples et accoutumé à voir gouverner par un État tout puissant la nation la plus homogène qui soit au monde, a besoin, pour concevoir que l’Autriche-Hongrie est viable, d’oublier toutes ses idées et tous ses préjugés nationaux, de transformer sa façon même de penser. Enfin, la théorie que je vais exposer est diffuse, terne et compliquée. Gomme il est plus attrayant pour un artiste de voir « un monarque vénérable et vénéré de tous, auquel le sort a réservé le rôle de Romulus Augustule (1) » , ou, pour un écrivain (1) Le rapprochement îles races latines et slaves d'Autriche-