LA PÉNINSULE DES BALKANS peut seule trancher la question de savoir s’il appartient à telle ou telle nation. Or, beaucoup hésitent encore. Ils sont bien obligés, sous peine d’avoir tout le monde contre eux, d’appartenir à un parti. Mais ils changent de camp suivant leurs intérêts ou les influences exercées. Un Etat plus puissant ou plus heureux qu’un autre; un parti mieux organisé, plus actif ou plus habile, attirent, pour un temps, ces indécis. Ce sont des « androgynes » , dit M. Victor Bérard. Combien de villages macédoniens ont ainsi passé de la nation grecque à la nation serbe, de la nation serbe à la nation bulgare. pour revenir ensuite à la nation serbe, à moins qu’ils ne découvrent, un beau jour, qu’ils sont Valaques. Sans doute, il y a dans les Balkans des blocs dès maintenant cristallisés ; mais une partie de la population — non seulement en Macédoine, mais en Bosnie, en Herzégovine, en Croatie, en Dalmatie, des deux côtés de la frontière serbo-bulgare, sur les confins des régions albanaises et slaves — reste indécise. Le problème n’est pas résolu de savoir qui saura la séduire et la garder. Voyons donc — puisqu’il nous faut borner là notre étude — comment se sont formés, où se trouvent, et comment et dans quel but agissent les centres de cristallisation nationale (I). (1) Voir Ljvissii et Piamiuud, Histoire ¡¡énsralc.