294 QUESTION DE MACEDOINE mer toute proche pour l’échange des produits; il semble que l’homme n’aurait eu qu’à se laisser vivre, en surveillant le travail de la terre et des eaux. L’esprit se reporte involontairement aux vallées de Toscane... D’Uskub à Salonique, pendant soixante lieues, pas une forêt à l’horizon, pas un verger, pas un arbre, sinon quelques cyprès autour des mosquées de Kuprulu, et quelques platanes tordus et noueux dans les cailloux du fleuve. Pas de verdure. Pas de culture. De loin en loin, quelques pans de chaumes moissonnés, et la brousse des chardons et des joncs. Et, comme des Anglais qui viennent de chasser au marais montent dans le train avec leurs rabatteurs : Une chasse aux canards, aux sarcelles, au gibier d’eau, voilà, sous la latitude de Naples, aux bords de l’Arcliipel, sur l’une des grandes routes du monde, tout ce que le Turc a su faire de la plus fertile des plaines, et voilà pourquoi le concert européen travaille à maintenir l’intégrité de l’Empire ottoman. De même, de M. Georges Gaulis (1) : La pleine de Koumanovo est aux trois quarts livrée aux herbes ou aux roseaux; ses céréales réputées ne poussent qu’en des oasis, autour des centres habités. La plaine d’Uskub n’offre pas un coup d’oeil plus riant. La culture du pavot s’est développée autour de la ville; les champs de blé jaunissent au delà, mais à trois kilomètres il n’y a plus rien, si ce n’est par taches... En pleine sève cette splendide contrée meurt tuée par... l’anarchie. (1) Bulgarie et Macédoine (Revue de Paris, 1er nov. 1902, p. 87). — Voir aussi : En Macédoine, par M. Albert Malet (Correspondant, 25 février et 10 mars 1903'.