IV PRÉFACE ment de libération aussi bien que d’unification, en plus d’un pays il est devenu, aux mains des puissances qui l’ont dénaturé et perverti à leur profit, un agent d’oppression ou un prétexte de conquête. Gomme tous les principes qui, pour se réaliser dans les faits, en appellent à la force, le principe national n’a maintes fois servi qu’aux forts. Les faibles l’ont trop souvent invoqué en vain; et s’ils n’ont pu faire triompher leurs droits au siècle écoulé, il est à craindre qu’ils n’y parviennent pas encore au siècle nouveau; car, nous devons le répéter, si l’un a été le siècle des nationalités, l’autre menace d’être le siècle des impérialismes. De ce qu’il n’a pas réussi à remplir la mission qu’il s’était arrogé; de ce que, des bords de la Moselle aux rives de la Vistule, et des plages brumeuses du Sleswig aux flots bleus de la mer Egée, il reste, dans notre Europe, bien des peuples, bien des provinces qui se sentent opprimés, l’on ne saurait conclure que le principe de nationalité a fait faillite, ni encore moins qu’il a épuisé sa force ou sa vertu. Loin de là, dans l’Europe occidentale où il a le plus souvent triomphé, s’il semble parfois assoupi, il demeure prêt aux brusques réveils; dans toute l’Europe centrale ou orientale, il est en fermentation constante. Là, grands ou petits, jeunes