340 QUESTION DE MACÉDOINE est restée sourde à leurs appels, une haine implacable. Et pourtant, au milieu de tout ce désordre et de toute cette haine, il y a un plan et une tactique téméraires : « Nous tentons, me disait M. Michaï-lowski, de transporter une montagne avec une cuiller. » Au fond, et bien que cela soit atroce, les chefs révolutionnaires comptent plutôt sur les hécatombes humaines que sur la résistance des bandes dans la montagne : « Nous périrons pour attirer l’attention sur nous », m’a dit M. Michaïlowski. Les Macédoniens maudissent la Russie. Mais beaucoup, dans le peuple surtout, espèrent encore que va se produire chez les moujiks et parmi les popes cette formidable poussée de croisade qui, parfois, monte des masses paysannes slaves, met en branle le monde orthodoxe, et conduit sur les champs de bataille les tsars les plus pacifiques (1). Ceux des Macédoniens qui ont fait le sacrifice de leur vie et souhaitent que recommencent les atrocités bulgares de 1876 sont de plus en plus nombreux : ils pensent que les survivants verront alors, comme en 1877, s’avancer les armées libératrices. En même temps les Macédoniens veulent secouer l’indifférence de l’Europe et la forcer à regarder (1) A la tête de la mission bulgare qui est partie il y a peu de temps pour la Russie est Mgr Sirnéon, évêque de Varna, la plus haute personnalité de l’Eglise bulgare après l’exarque.