354 CONCLUSION Au sujet de la Macédoine et dans les États mêmes du Habsbourg s’élaborent des combinaisons diplomatiques nouvelles. La France a un intérêt vital dans la partie dès maintenant engagée. Les atouts sont à peu près tous de notre côté (1). Pour gagner il nous'suffit presque de ne pas refuser de jouer. Mais, si l’empire allemand, à la faveur de je ne sais quels événements et par la faute d’une Europe inconsciente, arrivait à appliquer le système pan-germanique, on pourrait rééditer à Paris la phrase qu’écrivait Édouard Hervé le lendemain de Sa-dowa : « La France, sans se battre, vient d’essuyer le plus grave échec qu’elle ait subi depuis Waterloo. » En effet, si le danger allemand est aléatoire, il est à notre frontière. Il présente ainsi un caractère exceptionnel. En ce sens, il me semble bien que le but principal de notre politique doit être de « conjurer le péril allemand, comme la France du moyen âge est venue à bout de l’Angleterre, comme la France de la monarchie absolue est venue à bout de l’Autriche (2). « . (1) Dans cette i'tude, je fais abstraction de toute considération de politique intérieure. (2) M. Paul Deschanel, Orateurs et hommes d’État, Frédéric II et Bismarck, p. 122. * Valette, près Nieul (Ilaute-Vienne) 10 septembre 1903.