ET DE VIEILLE SERBIE 299 Un vali répondait au colonel Yankof, Bulgare-Macédonien qui lui avait demandé pourquoi les Turcs ne consentaient pas à faire dans l’empire une place meilleure aux Jougo-Slaves : « Parce que, laborieux comme vous êtes, vous nous devanceriez, et l’empire ottoman s’écroulerait. » Les chrétiens, devenus conscients de leur dignité d’hommes et de leur nationalité veulent être libres. Les musulmans sont décidés à arrêter cette poussée d’en bas qui — puissante comme une force naturelle — commence à les épouvanter. Les Osmanlis regrettent de ne pas avoir eu, jadis, en s’installant, assez de prévoyance pour faire maison nette — comme, au moyen âge, leurs amis prussiens dans les pays slaves, à l’est de l’Elbe (1). Ils se figurent que leur mansuétude passée — qu’ils peuvent tout au plus invoquer comme circonstance atténuante de leurs méfaits présents, — leur donne sur les chrétiens le droit absolu du vainqueur sur l’esclave antique. Or, il est aujourd’hui établi que les événements arméniens ont été systématiquement préparés et organisés, et que le signal en a été donné par le sultan rouge. Le massacre est en voie de devenir un dogme du panislamisme et un des moyens ordinaires de règne d’Abd-ul-IIamid. Déjà, depuis des années, l’islam a concentré ses (1) M. Lavisse : Études sur l’histoire de Prusse, passim.