LA THÉORIE DE LA DISLOCATION 7 sens, si elle n’était grosse d’erreurs : « Qu’arrivera-t-il à la mort de François-Joseph? » Ceux qui se sont enfin aperçus que l’empereur-roi François-Joseph, malgré ses soixante-treize ans, cinquante-cinq années de règne et des malheurs inouïs, chasse dans les Alpes et passe aux manœuvres des journées à cheval demandent : « Qu’arrivera-t-il, si François-Joseph, las de gouverner, abdique? » Qu’est-ce donc, dit-on, que l’Autriche-Hongrie? Quels rapports existent entre les territoires si divers qui la composent? Quels liens unissent les tronçons de nations si variées, et la plupart ennemies les unes des autres, qui la peuplent? Au nom de quel principe est-il permis de subordonner les uns aux autres les « droits d’Etat » dont les partisans respectifs semblent si souvent prêts à se heurter et se sont parfois si violemment combattus? Quel principe monarchique peut être assez puissant pour maintenir unie cette masse hétérogène, disparate et toute grouillante de forces centrifuges? On a construit la théorie de la dislocation sur des faits certains. Gardons-nous de les laisser dans l’ombre : il ne faut cacher aucune partie de la vérité. Après avoir énuméré ces faits, nous pourrons rechercher si on ne leur a pas donné une signification inexacte ou une portée exagérée; si d’autres faits importants n’ont pas été omis.