LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS 229 siècle, beaucoup ont été jusqu’à rêver de s’y emparer de toutes les fonctions civiles, en ne laissant que l’armée aux musulmans. Dès le dix-huitième siècle , ils avaient bénéficié de l idée turque : à toute religion correspond une nation, et une nation seulement. En effet, quand, —après l’église de Tirnovo, détruite par les Turcs dès la fin du quatorzième siècle, — eurent été supprimées les églises autocéphales d’Ipek et d’Ocrida, le patriarche œcuménique de Constantinople, qui est toujours un Grec, fut le seul chef de l’orthodoxie balkanique. Les Turcs demandaient seulement aux raïas de payer l’impôt et d’être soumis : ils leur avaient laissé une certaine autonomiè politique, dans leurs communautés religieuses. Les évêques grecs du patriarche étaient les chefs de ces communautés. Ils les personnifiaient aux yeux des autorités ottomanes. Les Grecs — sauf dans une petite région du nord-ouest, qui conserva toujours un caractère plus ou moins serbe — étaient partout les représentants officiels des raïas. 11 semble même qu’ils auraient pu arriver à les helléniser s’ils 1 avaient sérieusement tenté. Mais les évêques grecs, orgueilleux de leur luxe, de leur langue et de leur culture, vécurent isolés Ils méprisèrent leur clergé et les Slaves pauvres que la plupart d’entre eux avaient pour fidèles et pour sujets. Le bas clergé resta slave. Alors qu’un habile système scolaire eût peut-être pu faire disparaître les