PRÉFACE xv prochaine, comme incapable de s’adapter à l’esprit et aux besoins des temps nouveaux? La durée de cette monarchie danubienne est-elle, comme on nous l’affirme parfois, incompatible avec le principe de nationalité et avec le libre développement des peuples réunis, depuis des siècles, sous les ailes de l’aigle à deux tètes? Est-il vrai que, sous la double action de la poussée du dehors et du travail interne des luttes nationales, l’assemblage bigarré qu’on a appelé la mosaïque autrichienne est sur le point de s’écailler et de s’en aller en morceaux, au profit de l’ambition d’États plus jeunes et plus homogènes? Si, dans l’Europe contemporaine où chaque grand État repose sur une base nationale, l’Autriche nous semble un paradoxe politique et comme un anachronisme vivant, cela ne lient pas uniquement à l’histoire et aux hasards des successions dynastiques, mais bien au chaos ethnographique des rives du Danube, à la répartition des peuples et à la dispersion des nationalités dans la région habsbourgeoise. L’Autriche est, il est vrai, formée de nationalités différentes et comme de fragments concassés de peuples divers; mais ces nationalités rivales demeurent si bien emmêlées et enchevêtrées les unes dans les autres qu’il est malaisé de les séparer. La monarchie dualiste qui leur sert de