LE DANGER ALLEMAND 87 pire, une formidable levée de boucliers aurait lieu dans le monde protestant allemand. En effet, tandis que la population de l’empire allemand comprend deux tiers de protestants et un tiers seulement de catholiques, la plus grande Allemagne serait un État mi-parti protestant, mi-parti catholique : moins de 37 millions d’un côté, plus de 36 millions de l’autre (1). L’empereur allemand lui-même ne se résignerait sans doute pas aisément à faire subir à ses Etats une pareille transformation. Il est le summus epis-copus extérieur de l’Église évangélique prussienne. En 1898, à Jérusalem, dans l’église du Rédempteur, il a prétendu se poser en représentant officiel de la Réforme dans le monde (2). II. Dans les provinces autrichiennes désignées pour l’annexion, la moitié seulement de la population est allemande (3). D’après les statistiques offi- (1) Pour la statistique des religions en Autriche, voir p. 75, note 1. (2) VoirM. Goyaij : Jeune Allemagne, p. 206 et suiv. (3) Encore est-il que, d’après les anthropologues dont les publi-cistes allemands utilisent si souvent les travaux, bon nombre des Autrichiens qui se disent Allemands sont les représentants germanisés d’autres races : « Tous ne sont pas de race germanique; mais, en grande partie, de race celtique » . (M. Fouillée : Esquisse psychologique des peuples européens, p. 377.) D’autres sont des Slaves superficiellement germanisé» : il suffit de faire la monographie d’une usine de la Bohême allemande pour s'apercevoir que bon nombre d’ouvriers qui ne parlent que l'allemand ont des noms slaves et un type des moins germaniques.