296 QUESTION DE MACÉDOINE Le gendarme séjourne plus ou moins longtemps, mais finit par s'en aller. Toute l’année, au contraire, le garde champêtre musulman — petit tyran local — s’efforce d’égaler les exploits du gendarme, qu’il admire. Le village est encore privilégié si quelque taxa-teur irrégulier ne prélève pas aussi sa part après, ou, de préférence, avant le gendarme du Sultan. Dans la Vieille Serbie, l’Albanais vient, à la Saint-Georges (23 avril), fixer la contribution qu’il réclamera au Slave à la Saint-Michel (29 septembre), sous peine, bien entendu, de pillage, d’incendie et de meurtre. Gela se passe avec des formes : une sorte de taille de bois, semblable à celle de nos boulangers, le tchetel, sert de feuille d’impôt (1). Ailleurs, ce sont des bandits qui enlèvent quelque paysan ou négociant (2). Ils font connaître aux siens la date à laquelle il sera exécuté, au cas où une rançon, qu’ils indiquent, n’aurait pas été payée. Si les chrétiens — qui, depuis « la réforme » , ont été partout désarmés — avaient le droit de se (1) Voir aussi dans la Macédoine de M. Victor Béhard (p. 115 et suiv.) les autres exigences des Albanais, connues sous le nom générique de zouloums. (2) Voir dans le Livre jaune de 1902, sur les affaires de Mace-doine (p. 49), l’histoire, racontée par M. Steeg, d’un Grec arrêté a ]Niaousta, ville située à 60 kilomètres de Salonique, par quatre Albanais qui l’ont emmené tranquillement, en traversant toute la ville, à quatre heures de l’après-midi.