26 LA THÉORIE DE LA DISLOCATION toire nationale. Havlitchek (1) avait réalisé le type parfait du publiciste patriote. Les Tchèques, dès 1848, étaient prêts pour la lutte nationale et politique. Le nom de Jean Huss est resté pour eux un mot de ralliement. 11 veut dire à la fois patrie et pensée libre (2). Les Tchèques sont des catholiques peu convaincus. Quelques-uns aiment à déclarer qu’ils n’hésiteraient pas à se faire orthodoxes si, à un moment de danger, c’était là la condition de l’amitié agissante de la Russie. Ils continuent à soutenir une lutte acharnée contre les Allemands qui les enserrent en Bohême et habitent parmi eux en Moravie. Les Allemands s’efforcent de conserver les positions acquises. Les Tchèques veulent ramener à eux des populations slaves superficiellement germanisées. La lutte est surtout ardente dans les régions où les deux nationalités sont mélangées : c’est là que les tchèques multiplient les bésédas (3), les sociétés de (1) 1821-1856. (2) Le 5 juillet de cette année, la statue de Jean IIuss a été inaugurée à Prague sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Depuis des années, les Jeunes Tchèques et les Vieux Tchèques étaient divisés au sujet de cette statue : la discussion était, d’ailleurs, purement religieuse. Tous ont fini par s’unir pour fêter Jean Huss, héros national. (3) Ce sont des lieux de réunion, des sortes de cercles où, surtout en pays allemands, les Tchèques, hommes et femmes, se retrouvent à jour et heure fixes. On prend, par exemple, un repas