280 QUESTION DE MACÉDOINE Alors l’État turc était vraiment une théocratie à deux étages. Pour paser de l’étage inférieur à l’étage supérieur, il n’existait qu’un moyen : la conversion. En haut, étaient les musulmans, quelles que soient leur race et leur nationalité d’origine. Toutes les fonctions leur étaient réservées. Les Turcs ne s’étaient arrogé aucun privilège comme conquérants. Les vaincus convertis étaient leurs égaux. Mais les musulmans pouvaient seuls aspirer à tous les emplois et seuls servir dans l’armée. La patrie était une Église. Elle ne pouvait exister que pour eux. Le Coran était la seule loi. En bas, étaient les chrétiens, les sujets ou raïas. Pareils à la plèbe des premiers groupements antiques, ils ne faisaient pas partie de la cité. Le Turc, après avoir détruit leurs États et rendu sans objet leurs aspirations les plus hautes, ne les connaissait que comme contribuables. Mais il leur avait laissé une organisation nationale de forme religieuse, limitée, mais vivace. Il reconnaissait comme leurs chefs les patriarches de Constantinople, d’ipek et d’Ocrida et leurs évêques. Les chrétiens, groupés en communauté, avaient une sorte d’autonomie. Ils formaient des groupements régionaux et locaux. de Berlin et aux arrangements qui ont suivi 1875-86, p. 2. — Je n’ai pu mieux faire que de m’inspirer de la longue introduction historique de cet ouvrage : les réformes en Turquie depuis le traité de Kutchuk-Kainardgi (1774-1874).