ET SON HISTOIRE 219 le peuple bulgare actuel, peu différent du peuple serbe et séparé de lui — comme le peuple serbe du peuple croate — moins par une question de race que par le souvenir des différents empires jougo-slaves qui se sont succédé et souvent combattus pendant quatre cents ans. Au dixième siècle, tandis que l'empire grec d’Orient s’efforcait de conserver la côte et de reconquérir ses provinces de l’intérieur, il existait deux grands États slaves de la montagne. L’empire du tsar (1) bulgare Siméon (892-927) allait de la frontière hongroise jusqu’à la banlieue de Constantinople. Son pouvoir s’étendait même sur la rive gauche du bas Danube. Il écrasa les Serbes. Mais le prince croate Tomislav prit parti pour les vaincus, dont un grand nombre — nouvelle migration partielle — s’étaient réfugiés dans ses États. Tomislav et ses Croates battirent Siméon et ses Bulgares. —Au onzième siècle, le tsar bulgare Samuel était maître de la Macédoine et de l’Albanie. Ocrida, dans la Macédoine occidentale, était sa capitale et sa métropole religieuse. Cet empire fut détruit par les Grecs en 1018. Tomislav (904-940), après avoir vaincu les Bulgares, se fit sacrer roi au champ de Douvno. Les Croates aiment à raconter qu’on vit à sa cour (1) Tous les chefs slaves, une fois leur pouvoir bien établi, se donnent le titre de tsar et de césar et se font sacrer. Ils tentent de devenir ainsi les égaux de l’empereur d’Orient.