190 LA THÉORIE DU PARTAGE qui, pour se répandre parle monde et faire passer par ses entrepôts les marchandises de tous pays, a anémié tout son organisme au profit de quelques grands centres congestionnés, où sont maintenant concentrées sa population, sa richesse et sa production. L’Allemagne veut être, à la fois, grande puissance agricole, grande puissance industrielle, grande puissance maritime : « Après que l’Allemagne eut vaincu la France et qu’elle se fut agrandie de nos provinces, elle voulut justifier sa victoire : montrer qu elle était digne du premier rang. Peu à peu se forma chez elle un esprit public. J’entends par là que certaines idées devinrent communes à tous les partis, à toutes les classes de la société et à tous les citoyens. La principale fut que l’Allemagne devait devenir, en toutes choses, la plus grande des nations : la plus grande au point de vue militaire, maritime, scientifique, industriel. Cette idée hante aujourd’hui tous les esprits : celui du socialiste comme celui du réactionnaire agrarien ; celui du dernier homme de peine comme celui du chancelier de l’Empire, Vous la retrouverez dans les livres des historiens comme dans les chansons populaires; dans les prospectus des maisons de commerce comme dans les comptes rendus qu’adressent à leurs actionnaires les conseils d’administration. C’est la pensée nationale (1). » (1) M. Lockroy, Du Wcscr a la Vistule, p. 255.