LA THÉORIE DE LA DISLOCATION 61 comme aujourd’hui, un polonais, le comte Golu-chowski, mais en Autriche, le président du conseil, le comte Badeni, et quatre sur neuf des ministres étaient Polonais. M. Charles Benoist pouvait écrire : De l’heure des Polonais ont déjà tinté les premiers coups... Où l’Autriche en sera-t-elle demain?... on ne sait : tout ce qu’on sait, c’est qu’à ce jour l’Autriche en est aux Polonais (I). Depuis, le ministère Badeni a remis sa démission. Un ministère d’affaires, où les fonctionnaires allemands dominent, est aujourd’hui au pouvoir. Mais les Polonais ont toujours à Vienne leur grande influence. Si l’Autriche est à leurs yeux une patrie provisoire, c’est le cas de dire que le provisoire peut durer indéfiniment. Les Ruthènes, sont parfois encore, regardés comme panslavistes : ce sont des Russes, dit-on ; ils souhaitent s’unir aux autres Russes. — Oui, ce sont des Russes; mais des Russes qui se sont développés hors de l’empire des tsars. Ils ont pris une habitude de la liberté qu’ils perdraient difficilement. Ils ont leur langue. Ils ont vu les uniates de l’autre côté de la frontière obligés de se convertir à l’orthodoxie. Ils savent qu’ils sont plus (1) Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1897, p. 792.