LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS 247 Jusqu’en 1878, tous les Bulgares étaient sujets des Turcs. Mais, dès 1870, ils étaient arrivés à s’affranchir de la domination du patriarche œcuménique. — Résolus à ne plus se laisser diriger par un patriarche et des évêques grecs, ils avaient parlé de reconnaître la primauté du pape. La France et l’Autriche les avaient encouragés. Rome avait offert la langue nationale pour le culte comme à l’école. Le système uniate est fait pour séduire les peuples qui tiennent avant tout à leur nationalité. Les conversions s’étaient multipliées. La Russie avait sérieusement craint que l’Église orthodoxe ne perdît, en plein pays slave, une de ses positions avancées. C’est dans ces circonstances que le général Igna-tief, alors ambassadeur à Constantinople, obtint, par iradé du 28 février 1870, la création d’une Église bulgare autocéphale Vainementlepatriarche œcuménique lança ses foudres et son excommunication. Les Bulgares, heureux d’avoir' retrouvé un cadre religieux pour leur nationalité ressuscitée, se groupèrent autour des évêques de l’exarque partout où le gouvernement de Constantinople voulut bien accorder des bérats. Le clergé bulgare fonda des écoles et fit de la propagande nationale. Rn 1876, quand la Serbie et le Monténégro eurent déclaré la guerre à la Turquie, les Bulgares, impatients de secouer le joug turc, comme ils s’étaient débarrassés de l’autorité étrangère du