LA THÉORIE DE LA DISLOCATION 29 Un million neuf cent quarante mille d’entre eux habitent au nord-ouest du royaume de Hongrie, dans le massif du Tatra, dont les derniers contre-forts dominent Presbourg. Ils débordent sur la Moravie. Les Slovaques ont donné aux Tchèques Chafarjik et Kollar. Depuis, il est vrai qu’ils n’ont pas compris quelle puissance leur aurait assuré l’unité de langue tchéquo-slovaque. Cette unité aurait pu être effectuée au moment où les Tchèques travaillaient comme à reforger leur langue littéraire. Les Slovaques ont, au contraire, pensé qu’ils fortifieraient leur individualité un peu vague de peuple sans histoire en développant leur dialecte. Les Tchèques et les Slovaques n’en sont pas moins deux nations jumelles. Les Slovaques sont les uns catholiques et les autres protestants. C’est un peuple doux d’agriculteurs et de bergers aux beaux costumes, aux exquises chansons (1). Ils manquent encore d’une bourgeoisie directrice. La plupart des familles riches ont passé aux Magyars, qui traitent le reste du peuple comme un troupeau : tolh ember nem ember ; l’homme slovaque n’est pas un homme, dit un vieux proverbe hongrois. (1) On connaît les broderies slovaques. Les galons à la hongroise ont été empruntés par les Magyars aux Slovaques, qui les portent couramment sur leurs culottes. De même, la czarda est d’origine slovaque.