232 LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS nexions futures, s’efforce de se préparer une part aussi grande que possible et de conserver ses avant-postes les plus septentrionaux. De plus, patriarcat et royaume sont également enclins à s’appuyer sur l’État musulman. Le patriarche voudrait empêcher la Porte d’accorder des bérats aux évêques bulgares de l’exarque. Il aimerait à se faire interdire la désignation d’évèques serbes. Les Grecs du royaume sont, depuis la guerre de 1897, dégoûtés des grandes entreprises et de« solutions promptes. Ils sont trop fins pour ne pas sentir, malgré leurs fanfaronnades, que l’heure de la liberté serait, dans la plus grande partie de la Macédoine, l’heure du triomphe des Slaves. Ils comprennent que leurs efforts sont trop dispersés : ils revendiquent, en même temps que la plus grande partie de la Turquie d’Europe, la côte d’Asie Mineure et les îles turques. Ils souhaitent l’annexion de la Crète — déjà autonome et gouvernée par un prince grec — plus ardemment encore que l’annexion de la côte nord de l’Archi-pel. Ils sont, par le fait même de leurs ambitions multiples, faibles et paralysés. Ils ne veulent pas que ce qui reste en Europe de l’empire ottoman soit démembré. D’où, la politique cauteleuse qu’ils suivent dans les Balkans. Ils ont profité de la révolution macédonienne et de la tension turco-bulgare pour conclure avec la Turquie un traité de commerce, signe d’une entente cordiale évidente, et