152 L’ÉVOLUTION POSSIBLE Dans le royaume de Hongrie, la carte politique ne l’appelle en rien la carte ethnographique si bariolée : la Hongrie est, au point de vue parlementaire, un royaume exclusivement magyar. Dans le royaume de Croatie, pour réprimer l’émeute qui couve, ce n’est pas la force matérielle qui manque au gouvernement de Budapest. La vieille haine contre les Busses s’étiole et mourra, comme toutes les haines qui ne sont pas nourries par une cause permanente : la cause balkanique cesse d’agir; 1849 recule, déjà distant de plus d’un demi-siècle. —Les Magyars, politiques fins et réalistes, commencent à s’apercevoir que le danger présent n’est pas ce danger slave qu’évoquait le magicien Bismarck, mais bien le danger allemand. Les récentes menées pangermanistes en Hongrie les ont, non pas effrayés, mais froissés dans leur patriotisme toujours en éveil. Dès janvier 1900, à la délégation hongroise, M. Ougron, chef d’une des factions du parti de en Autriche — écrivait M. Lang, vice-président de la Chambre hongroise et professeur à l’Université de Budapest— il est de la plus haute importance de savoir à quoi nous en tenir sur les causes qui les ont provoquées; de cette manière seulement, nous pourrons préciser l’attitude qui nous est imposée en présence de ces événements, par les intérêts de l’Etat hongrois, les seuls qui doivent déterminer notre conduite; et cela est d’autant plus nécessaire que les idées et les opinions qui ont cours à ce sujet ne concordent plus avec les changements qu’a subis la situation. » Revue politique et parlementaire, 10 octobre 1898, p. 30.