284 QUESTION DE MACÉDOINE des lois d’organisation administrative et de centralisation. Peu à peu, les rouages les plus lointains sont rattachés au moteur central de Constantinople. La formidable machine, qui, grinçante, détraquée et affolée, menace aujourd’hui de broyer les sujets et les maîtres eux-mémes de l’empire, est en construction. L’empire — pourtant composé de pays si divers — est divisé en préfectures ou eyalets : au lieu de la réalité complexe, 011 veut l’uniformité niveleuse des grandes révolutions. Des conseils provinciaux théoriquement mixtes sont constitués. Mais les quelques chrétiens et juifs qui en faisaient partie étaient « non élus, mais triés avec soin. Souvent, ils ne pouvaient s’asseoir sur le divan à coté de leurs collègues, dont ils s’occupaient à bourrer les pipes ou à servir le café. S’ils sont distraits de ces soins, c’est pour apposer leur cachet à des résolutions prises sans eux; d’où on les a appelé des Evet effendim, c’est-à-dire des « oui, monsieur » (I). En 1856, vers la fin de la guerre de Crimée, la France et l’Angleterre tenaient à pouvoir, au moment du traité de paix, se prévaloir de ce que leur allié travaillait à améliorer le sort des chrétiens de son empire. Sous leur influence — et non plus spontanément (1) M. A. b’Avril, op. cit., p. 22.