DE L’AUTRICHE-HONGRIE 141 vement comme amie puissante et impérieuse des Slaves orthodoxes que la Russie intervient actuellement en Turquie d’Europe. Elle n’apparaît plus à l’Autriche-Hongrie comme un ennemi menaçant prêt à la couper de la mer du côté du sud et comme à la cerner, et à l’enlacer pour une lotte à mort. De son côté, l’Autriche-Hongrie précise ses plans et limite sa sphère d’action et ses projets. Dans le discours cité de mai 1902, le comte Goluchowski indique la cause qui a rendu possible l’accord austro-russe, et il semble bien que cette cause n’a pas encore produit tous ses effets : Dès le moment où l’on put sûrement constater que ni nous, ni la Russie ne poursuivions de projets égoïstes en Orient et, moins encore, ne cherchions d’augmentations territoriales, il fallut logiquement que la méfiance, compromettant depuis des années les relations mutuelles des deux empires, disparût et fit place à cette disposition heureuse dont nous jouissons à présent. La voie danubienne n’est ouverte qu’à la marine marchande, et elle aboutit à une mer fermée. La voie adriatique est resserrée entre la côte italienne et la côte albanaise; Pola, Trieste etFiume sont au fond d’une impasse. L’Autriche-Hongrie cherche à s’ou-vrir sur l’Archipel, bassin libre de la Méditerranée orientale, le débouché de Salonique. Elle veut dominer l’Albanie, tout à la fois, parce qu’elle commande le chemin de Budapest et de Vienne à Salonique et parce qu’elle assurerait aux vaisseaux