238 LES NATIONS CHRÉTIENNES DES BALKANS Alexandre III a bu, en 1889, à la santé du prince de Monténégro, le seul ami sincère et fidèle de la Russie. Le prince, comme jadis F « heureuse Autriche » , a appuyé sa diplomatie sur une politique de mariage. Sa fille aînée avait épousé le prince Pierre Raragéorgévitch qui vient d’être élu roi de Serbie. Son fils cadet Mirko a épousé la fille du colonel Constantinovitch, cousin du roi Milan, et aurait pu, s’il ne s’était pas effacé devant son beau-frère, revendiquer les droits des Obrénovitch. Deux de ses filles sont grandes-duchesses de Russie. Sa fille Hélène est reine d’Italie. La plupart des peuples slaves sentent le besoin d’un chef tout puissant, qui soutienne dans l’action leur volonté indécise; mais ils entendent que ce chef suive la direction voulue par la masse. C’est là une façon slave de comprendre le gouvernement par le peuple. Le prince Nicolas, souverain habile aux allures d’autocrate du bon vieux temps, s’est toujours conformé au double idéal politique et national de ses sujets. — Exposer sa politique, c’était exposer toute la politique monténégrine. Bien différent était le roi Milan. C’était, contrairement à l’opinion reçue, un esprit cultivé, un délicieux causeur. Mais il avait pris son point d’appui à Budapest et à Vienne. Peu lui importait d’être exécré à Belgrade. 11 lui fallait braver l’impopularité pour satisfaire ses protecteurs. Il savait décou-