LE DANGER ALLEMAND 109 la Bohême, dut lutter sans trêve contre le clergé germanique qui, pour le convaincre d’hérésie et dominer les Slaves du Centre, alla jusqu’à substituer des documents faux à ceux que le pape lui avait lui-même remis (1). Les chevaliers porte-glaive et les chevaliers teutoniques n’étaient pas, comme les croisés d’Orient, des croyants et des idéalistes, mais de durs réalistes qui finirent dans le luxe et les orgies ; ils massacraient au nom du Christ les Slaves et les Lithuaniens pour fonder leur puissance prussienne (2). Les réformateurs furent en Europe centrale les pionniers du germanisme, et la contre-Réforme continua leur œuvre (3). (1) M. Louis Léger : Cyrille et Methode, étude sur la conversion des Slaves au christianisme (Paris, Franck, 1868). (2) Voir : M. Lavisse : Etudes sur ihistoire de Prusse, les Prédécesseurs des Ilohenzollern. en Prusse. — Henryk Sienkiewicz, les Chevaliers de la Croix. (3) En Europe centrale « la pénétration germanique avait usé jusqu’alors (seizième siècle) cle l’action religieuse, politique ou économique; la Réforme lui procura sur les esprits une prise morale. Venue d’Allemagne, elle fut partout introduite par les Allemands; fournissant d’autre part une base propice aux revendications nationales, elle trouva un accueil enthousiaste parmi les peuples que travaillait le germanisme: grâce à elle ce fut une influence allemande qui soutint, mais endigua toutes les révoltes... A son tour, la contre-réformatîon fit, elle aussi, œuvre germanique, car les jésuites s’en prirent aux nationalités coupables, qui s étaient abandonnées aux erreurs religieuses » , Revue des Deux-Mondes Allemagne vers l'est, op. cit.) — De même M. Abert Sorel : « Les jésuites (en Bohême au seizième siècle) prirent la nation en sous-œuvre, minant la famille par l’école, l’instinct